Looper – Interview avec le réalisateur Rian Johnson

Il y a des jours plus que d’autres où nous sommes vraiment contents d’avoir fait décoller notre canapé pour parcourir les galaxies du cinéma. Le Jeudi 18 Octobre fut un de ceux ci. Ce jour, SND, le distributeur français du film de science fiction Looper avec Bruce Willis et Joseph Gordon-Levitt, à fait de nous les rares élus à pouvoir poser leur questions à Rian Johnson, le réalisateur. S’en est suivi la projection du film et croyez nous, ce film est LA baffe de science fiction que vous attendiez depuis des années. IN-CROY-ABLE. 



Synopsis : Dans un futur proche, la Mafia a mis au point un système infaillible pour faire disparaître tous les témoins gênants. Elle expédie ses victimes dans le passé, à notre époque, où des tueurs d’un genre nouveau (les « Loopers ») les éliminent. Un jour, l’un d’entre eux, Joe, découvre que la victime qu’il doit exécuter n’est autre que… lui-même, avec 30 ans de plus. La machine si bien huilée déraille…

Les Chroniques du canapé intergalactique :
Le sujet de la chasse à l’homme lié au voyage dans le temps rappelle fortement « Terminator » et « L’armée des 12 singes ». En tant que scénariste, vous étiez vous imposé une liste de pièges dans lesquels ne pas tomber, ou de choses à faire absolument par rapport à ces modèles ?

Rian Johnson : En effet, et surtout Terminator, qui a été quelque chose sur lequel je me suis directement basé. La manière dont Terminator utilise le voyage temporel est si élégante. Looper est similaire à Terminator dans la mesure où il UTILISE le voyage temporel, mais n’est pas A PROPOS du voyage temporel. Je voulais que le voyage temporel allume la mèche de la situation et qu’on n’en parle plus ensuite.
Mais au delà de ça j’adore ces films. Terminator, L’armée des 12 singes, Blade Runner, Alien, tous ces classiques de la science fiction avec lesquels nous avons grandis . Je les aime tant que j’ai été extrêmement attentif à justement ne pas y penser trop consciemment quand j’ai écrit ou réalisé Looper, Je ne voulais pas d’un film qui ressemble à un montage de tous ces films de S.F.

Terminator – Une chasse à l’homme avant d’être un film sur le voyage dans le temps… Comme Looper.

En fait ce que j’ai fait n’est pas si compliqué. J’ai juste essayé de ne pas réfléchir à ces références et d’être le plus honnête possible avec mon histoire, et de créer un monde qui collait avec celle ci, plutôt qu’un qui serait empreinté à droite et à gauche.
Et puis je savais que toutes ces choses seraient dans Looper naturellement de toute façon car j’aime tant ces films qu’au final cela transpirerait dans le film. Au final ma stratégie était de ne pas y penser.

C.C.I : Justement à propos de « L’armée des 12 singes », le choix de réutiliser Bruce Willis dans « Looper » était-il prévu depuis le début ou simplement quelque chose qui vous a aidé à monter le projet indépendamment des gros studios ?

Rian Johnson : Je ne pensais pas à Bruce pendant l’écriture. Mais le choix s’est porté vers lui pour deux raisons. Premièrement, je savais qu’effectivement il me faudrait un acteur de la « A-list » qui me permettrait d’attirer des financements. Mais surtout, quand nous avons jeté un œil à la liste des « big guys » de Hollywood, le nom de Bruce Willis nous a sauté au visage. Et ce pour la raison que si vous regardez bien des films comme Pulp Fiction, ou L’armée des douze singes, vous vous rendez compte qu’il est un des rares de ces « gros » acteurs à pouvoir aller dans la vulnérabilité, l’émotion autant que dans l’action pure.

L’armée des douzes singes – Preuve que Bruce Willis est immense dans la vulnérabilité

Et c’est cela qui m’intéressait. Quand le public va voir un film avec Bruce Willis, il s’attend à ce qu’il se pointe, trouve le méchant et sauve le monde en le tuant. Et c’est exactement ce qu’il s’apprête à faire dans Looper, puis on utilise ces attentes du public pour le prendre à contre pied, d’une manière que je trouvais intéressante.
En plus de ça Bruce a accepté très rapidement, donc l’avoir dans le film fût très facile à ma grande surprise.

CCI : Il semble de nos jours que chaque nouveau film de S.F. ou fantastique qui sort soit issus d’un matériau pré existant : suite, préquel, reboot, remake. Quand on est un jeune cinéaste avec un script original, quelle est la difficulté à avoir son film financé ?

Rian Johnson : Personnellement, je n’ai rencontré personne qui m’a dit « Non, tu ne peux pas faire ce film, il n’est pas basé sur une franchise ». Mais j’ai eu énormément de chance de travailler avec des producteurs extrêmement confiants, et enthousiastes dont le but était de faire ce qu’il fallait pour que je fasse le film que je voulais.
Mais ce que vous dites est intéressant car Looper, comme nous le disions au début est tant nourris d’influences des classiques de la S.F qu’il n’est pas si « original » ou « nouveau » que cela.

Une moto volante, le héros de L’armée des 12 singes qui re voyage dans le temps…Et pourtant tout est nouveau. Magique

En fait je pense qu’au cinéma l’originalité d’un matériau neuf n’est pas une sorte de Graal à atteindre. Si une suite ou un remake est excitante, audacieuse, surprenante et surtout honnête, en tant que spectateur je le regarderai avec autant de plaisir qu’un film « original ». Et de nombreux films font cela de nos jours, mais il faut être vigilant sur leur qualité.


Entretien réalisé par le Pr.Wicked. Ne manquez pas notre critique du film à paraître demain.

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